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Emile Verhaeren

Soir religieux (VI)

L'averse a sabré l'air de ses lames de grêle,
Et voici que le ciel luit comme un parvis bleu,
Et que c'est l'heure où meurt à l'occident, le feu
Où l'argent de la nuit à l'or du jour se mêle.

A l'horizon, plus rien ne passe, si ce n'est
Une allée invaincue et géante de chênes,
Se prolongeant là-bas jusqu'aux fermes prochaines,
Le long des champs en friche et des coins de genêt.

Ces arbres vont - ainsi des moines mortuaires
Qui s'en iraient, le coeur assombri par les soirs,
Comme jadis partaient les longs pénitents noirs
Pèleriner au loin vers d'anciens sanctuaires.

Et la route montant et tout à coup s'ouvrant
Sur le couchant rougi comme un plant de pivoines,
A voir ces arbres nus, à voir passer ces moines,
On dirait qu'ils s'en vont, ensemble, et tous en rang,

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Le cri

Près d'un étang désert, où dort une eau brunie,
Un rai du soir s'accroche au sommet d'un roseau ;
Un cri s'écoute, un cri désespéré d'oiseau,
Un cri pauvre et perdu dans la plaine infinie.

Comme il est faible et frêle et peureux et fluet !
Et comme avec tristesse il se traîne et s'écoute,
Et comme il se répète et comme avec la route
Il s'enfonce et se perd dans l'horizon muet !

Et comme il marque l'heure, au rythme de son râle,
Et comme, en son accent minable et souffreteux,
Et comme, en son écho languissant et boiteux,
Se plaint infiniment la douleur vespérale !

Il est si doux parfois qu'on ne le saisit pas.
Et néanmoins toujours, et sans fatigue, il tinte
L'obscur et triste adieu de quelque vie éteinte ;
Il dit les pauvres morts et les pauvres trépas :

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Moine doux

Il est des moines doux avec des traits si calmes,
Qu'on ornerait leurs mains de roses et de palmes,

Qu'on formerait, pour le porter au-dessus d'eux,
Un dais pâlement bleu comme le bleu des cieux,

Et pour leurs pas foulant les plaines de la vie,
Une route d'argent d'un chemin d'or suivie.

Et par les lacs, le long des eaux, ils s'en iraient,
Comme un cortège blanc de lys qui marcheraient.

Ces moines, dont l'esprit jette un reflet de cierge,
Sont les amants naïfs de la Très Sainte Vierge,

Ils sont ses enflammés qui vont La proclamant
Etoile de la mer et feu du firmament,

Qui jettent dans les vents la voix de ses louanges,
Avec des lèvres d'or comme le choeur des anges,

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Les hôtes

- Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l'auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent
qui s'habille de feuilles mortes.

- Entrez, monsieur, entrez le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.

- Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s'indéfinise,
dans un brouillard couleur de suie.

- Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s'ouvrent pour vous loger chez nous.

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L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles

L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles ;
Ce que la nuit recèle ou montre entre ses voiles,
Se mêle à la ferveur de notre être exalté.
Ceux qui vivent d'amour vivent d'éternité.

Il n'importe que leur raison adhère ou raille
Et leur tende, debout, sur ses hautes murailles,
Au long des quais et des havres ses flambeaux clairs ;
Eux, sont les voyageurs d'au delà de la mer.

Ils regardent le jour luire de plage en plage,
Très loin, plus loin que l'océan et ses flots noirs ;
La fixe certitude et le tremblant espoir
Pour leurs regards ardents ont le même visage.

Heureux et clairs, ils croient, avec avidité ;
Leur âme est la profonde et soudaine clarté
Dont ils brûlent le front des plus hautains problèmes ;
Et pour savoir le monde, ils ne scrutent qu'eux-mêmes.

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Décembre

- Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l'auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s'habille de feuilles mortes.

- Entrez, monsieur, entrez, le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.

- Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s'indéfinise,
dans un brouillard couleur de suie.

- Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez, la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s'ouvrent pour vous loger chez nous.

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Les fleurs du clair accueil au long de la muraille

Les fleurs du clair accueil au long de la muraille
Ne nous attendent plus quand nous rentrons chez nous,
Et nos étangs soyeux dont l'eau plane s'éraille
Ne se prolongent plus sous les cieux purs et doux.

Tous les oiseaux ont fui nos plaines monotones
Et les pâles brouillards flottent sur les marais.
O ces deux cris : automne, hiver ! hiver, automne !
Entends-tu le bois mort qui choit dans la forêt ?

Notre jardin n'est plus l'époux de la lumière
D'où l'on voyait les phlox vers leur gloire surgir ;
Nos violents glaïeuls sont mêlés à la terre
Et longuement s'y sont couchés pour y mourir.

Tout est sans force et sans beauté ; tout est sans flamme
Et passe et fuit et penche et croule sans soutien ;
Oh ! donne-moi tes yeux qu'illumine ton âme
Pour y chercher quand même un coin du ciel ancien.

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Vieille ferme à la Toussaint

La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes,
Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints,
Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint,
Les feuillages fanés des frênes et des aunes.

Elle songe et resonge à ceux qui sont ailleurs,
Et qui, de père en fils, longuement s'éreintèrent,
Du pied bêchant le sol, des mains fouillant la terre,
A secouer la plaine à grands coups de labeur.

Puis elle songe encor qu'elle est finie et seule,
Et que ses murs épais et lourds, mais crevassés,
Laissent filtrer la pluie et les brouillards tassés,
Même jusqu'au foyer où s'abrite l'aïeule.

Elle regarde aux horizons bouder les bourgs ;
Des nuages compacts plombent le ciel de Flandre ;
Et tristement, et lourdement se font entendre,
Là-bas, des bonds de glas sautant de tour en tour.

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Une statue (3)

Prenant pour guide clair l'astre qu'était son âme,
A travers des pays d'ouragans et de flammes,
Il s'en était allé si loin vers l'inconnu
Que son siècle vieux et chenu,
Toussant la peur, au vent trop fort de sa pensée,
L'avait férocement enseveli sous la risée.

Il en était ainsi, depuis des tas d'années
Au long des temps échelonnées,
Quand un matin la ville, où son nom était mort,
Se ressouvint de lui - homme âpre et grandiose -
Et l'exalta et le grandit en une pose
De penseur accoudé sur un roc d'ombre et d'or.

On inscrivit sur ce granit de gloire
L'exil subi, la faim et la prison,
Et l'on tressa, comme une floraison,
Son crime ancien, autour de sa mémoire.

On lui prit sa pensée et l'on en fit des lois ;

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La couronne

Et je voudrais aussi ma couronne d'épines
Et pour chaque pensée, une, rouge, à travers
Le front, jusqu'au cerveau, jusqu'aux frêles racines
où se tordent les maux et les rêves forgés
En moi, par moi. Je la voudrais comme une rage,
Comme un buisson d'ébène en feu, comme des crins
D'éclairs et de flammes, peignés de vent sauvage;
Et ce seraient mes vains et mystiques désirs,
Ma science d'ennui, mes tendresses battues
De flagellants remords, mes chatoyants vouloirs
De meurtre et de folie et mes haines têtues
Qu'avec ses dards et ses griffes, elle mordrait.
Et, plus intimement encor, mes anciens râles
Vers des ventres, muflés de lourdes toisons d'or,
Et mes vices de doigts et de lèvres claustrales
Et mes derniers tressauts de nerfs et de sanglots
Et, plus au fond, le rut même de ma torture,
Et tout enfin ! Ô couronne de ma douleur
Et de ma joie, ô couronne de dictature
Debout sur mes deux yeux, ma bouche et mon cerveau

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