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Emile Verhaeren

Conseil absurde

Autant que moi malade et veule, as-tu goûté
Quand ton être ployait sous les fièvres brandies,
Quand tu mâchais l'orviétan des maladies,
Le coupable conseil de l'inutilité ?

Et doux soleil qui baise un oeil éteint d'aveugle ?
Et fleur venue au tard décembral de l'hiver ?
Et plume d'oiselet soufflée au vent de fer ?
Et neutre et vide écho vers la taure qui meugle ?

O les rêves du rien, en un cerveau mordu
D'impossible ! s'aimer, dans son effort qui leurre !
Se construire, pour la détruire, une demeure !
Et se cueillir, pour le jeter, un fruit tendu !

Hommes tristes, ceux-là qui croient à leur génie
Et fous ! et qui peinent, sereins de vanité ;
Mais toi, qui t'es instruit de ta futilité,
Aime ton vain désir pour sa toute ironie.

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Mets ta chaise près de la mienne

Mets ta chaise près de la mienne
Et tends les mains vers le foyer
Pour que je voie entre tes doigts
La flamme ancienne
Flamboyer ;
Et regarde le feu
Tranquillement, avec tes yeux
Qui n'ont peur d'aucune lumière
Pour qu'ils me soient encore plus francs
Quand un rayon rapide et fulgurant
Jusques au fond de toi les frappe et les éclaire.

Oh ! que notre heure est belle et jeune encore
Quand l'horloge résonne avec son timbre d'or
Et que, me rapprochant, je te frôle et te touche
Et qu'une lente et douce fièvre
Que nul de nous ne désire apaiser,
Conduit le sûr et merveilleux baiser
Des mains jusques au front, et du front jusqu'aux lèvres.

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L'en-avant

Le corps ployé sur ma fenêtre,
Les nerfs vibrants et sonores de bruit,
J'écoute avec ma fièvre et j'absorbe, en mon être,
Les tonnerres des trains qui traversent la nuit.
Ils sont un incendie en fuite dans le vide.
Leur vacarme de fer, sur les plaques des ponts,
Tintamarre si fort qu'on dirait qu'il décide
Du rut d'un cratère ou des chutes d'un mont.
Et leur élan m'ébranle encor et me secoue,
Qu'au loin, dans la ténèbre et dans la nuit du sort,
Ils réveillent déjà, du fracas de leurs roues,
Le silence endormi dans les gares en or.

Et mes muscles bandés où tout se répercute
Et se prolonge et tout à coup revit
Communiquent, minute par minute,
Ce vol sonore et trépidant à mon esprit.
Il le remplit d'angoisse et le charme d'ivresse
Etrange et d'ample et furieuse volupté,
Lui suggérant, dans les routes de la vitesse,

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Une statue (4)

Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
Haine et terreur murant son gros front lourd
Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

Le carrefour, solennisé de palais froids,
D'où ses regards têtus et violents encore
Scrutent quels feux d'éveil bougent dans telle aurore,
Comme sa volonté, se carre en angles droits.

Il fut celui de l'heure et des hasards bizarres,
Mais textuel, sitôt qu'il tint la force en main
Et qu'il put étouffer dans hier le lendemain
Déjà sonore et plein de terribles fanfares.

Sa colère fit loi durant ces jours vantés,
Où toutes voix montaient vers ses panégyriques,
Où son rêve d'Etat strict et géométrique
Tranquillisait l'aboi plaintif des lâchetés.

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Les moines

Je vous invoque ici, Moines apostoliques,
Chandeliers d'or, flambeaux de foi, porteurs de feu,
Astres versant le jour aux siècles catholiques,
Constructeurs éblouis de la maison de Dieu ;

Solitaires assis sur les montagnes blanches,
Marbres de volonté, de force et de courroux,
Prêcheurs tenant levés vos bras à longues manches
Sur les remords ployés des peuples à genoux ;

Vitraux avivés d'aube et de matin candides,
Vases de chasteté ne tarissant jamais,
Miroirs réverbérant comme des lacs lucides
Des rives de douceur et des vallons de paix ;

Voyants dont l'âme était la mystique habitante,
Longtemps avant la mort, d'un monde extra-humain,
Torses incendiés de ferveur haletante,
Rocs barbares debout sur l'empire romain ;

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Heures mornes

Hélas, quel soir ! ce soir de maussade veillée.
Je hais, je ne sais plus ; je veux, je ne sais pas ;
Ah mon âme, vers un néant, s'en est allée,
Vers un néant, très loin je ne sais où, là-bas ?

Il bat des tas de glas au-dessus de ma tête,
Le vent, il corne à mort, et les cierges bénits
Qu'on allumait, pendant la peur de la tempête,
Les bons cierges se sont éteints et sont finis.

Cela se perd, cela s'en va, cela se disloque,
Cela se plaint en moi, si monotonement,
Et cela semble un cri d'oiseau, qui s'effiloque.
Qui s'effiloque au vent d'hiver, lointainernent.

Oh ces longues heures après ces longues heures,
Et sans trêve, toujours, et sans savoir pourquoi
Et sans savoir pourquoi ces angoisses majeures ;
Oh ces longues heures d'heures à travers moi !

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Une heure de soir

En ces heures de soirs et de brumes ployés
Sur des fleuves partis vers des fleuves sans bornes,
Si mornement tristes contre les quais si mornes,
Luisent encor des flots comme des yeux broyés.

Comme des yeux broyés luisent des flots encor,
Tandis qu'aux poteaux noirs des ponts, barrant les hâvres,
Quels heurts mous et pourris d'abandonnés cadavres
Et de sabords de bateaux morts au Nord ?

La brume est fauve et pleut dans l'air rayé,
La brume en drapeaux morts pend sur la cité morte ;
Quelque chose s'en va du ciel, que l'on emporte,
Lamentable, comme un soleil noyé.

Des tours, immensément des tours, avec des voix de glas,
Pour ceux du lendemain qui s'en iront en terre,
Lèvent leur vieux grand deuil de granit solitaire,
Nocturnement, par au-dessus des toits en tas.

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Les pêcheurs à cheval

Vagues d'argent et beau ciel clair
Le flot sur les grèves se vide.
Les cinq pêcheurs équestres de Coxyde
Pèchent nonchalamment, sur le bord de la mer.

Dans les lueurs et dans les moires
Des vagues pâles, passent,
Allant, venant,
Leurs silhouettes noires
Les chevaux vieux, les chevaux las,
Parfois lèvent la tête, et regardent là-bas,
L'espace ...

Les mailles traînent
Lentes et pesantes ; dans le remous,
Les bêtes vont, les rênes
Tombantes sur le cou,
Et monotones ;
Le corps houleux, au rythme de leur dos,
Leur cavalier les yeux mi-clos,

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Inconscience

L'âme et le coeur si las des jours, si las des voix,
Si las de rien, si las de tout, l'âme salie ;
Quand je suis seul, le soir, soudainement, parfois,
Je sens pleurer sur moi l'oeil blanc de la folie.

Celui, si triste hélas ! qui s'en alla, là-bas,
- Pâle oeil désenchanté de la raison méchante -
Rêver à quelque chose, au loin, qu'on ne voit pas
A quelque chose au loin qui tremble et pleure et chante.

Morne crapaud blotti sous les roses, tout seul !
Si seul ! - morne crapaud pleureur de lune, appelle !
Appelle ! Et vous, petites fleurs, pour le linceul
De mon cerveau, l'ensevelisseuse vient-elle ?

Être l'errant au monde et le pauvre de soi,
Avec le feu bougeant d'une âme, qui tremblote
Derrière une main frêle et ballotte son moi ;
Qui tremblote comme un reflet dans l'eau ballotte.

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Le ramasseur d'épaves

L'ombre qui sous la lune
Tombait, longue et pâle, des dunes,
Longeait la grève et dentelait la mer.

De loin en loin, apparaissaient des phares
Qui se mouvaient, jaunes et verts,
Avec des gestes sur la mer.

Le vieux chercheur d'épaves rares
Fouille le sable, avec des yeux d'avare,
Et va ; - son ombre
Autour de son pas lent fait de l'ombre plus sombre.

Ses pieds sont lourds et ses épaules lasses ;
Flots d'ailes blanches qui se déplacent,
Les mouettes fuient dans la nuit ;
Il les regarde, et puis s'éloigne et puis s'entête.

A revenir, et puis s'en va et puis s'arrête :
Sa petite pipe de bois

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