* A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z | Latest poems | Random poems | Poets | Submit poem

Emile Verhaeren

Le passeur d'eau

Le passeur d'eau, les mains aux rames,
A contre flot, depuis longtemps,
Luttait, un roseau vert entre les dents.

Mais celle hélas! Qui le hélait
Au delà des vagues, là-bas,
Toujours plus loin, par au delà des vagues,
Parmi les brumes reculait.

Les fenêtres, avec leurs yeux,
Et le cadran des tours, sur le rivage
Le regardaient peiner et s'acharner
De tout son corps ployé en deux
Sur les vagues sauvages.

Une rame soudain cassa
Que le courant chassa,
A flots rapides, vers la mer.

Celle là-bas qui le hélait

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Au loin

Ancres abandonnées sous des hangars maussades,
Porches de suie et d'ombre où s'engouffrent des voix,
Pignons crasseux, greniers obscurs, mornes façades
Et gouttières régulières, au long des toits ;
Et blocs de fonte et crocs d'acier et cols de grues
Et puis, au bas des murs, dans les caves, l'écho
Du pas des chevaux las sur le pavé des rues
Et des rames en cadence battant les flots ;
Et le vaisseau plaintif, qui dort et se corrode
Dans les havres et souffre ; et les appels hagards
Des sirènes et le mystérieux exode
Des navires silencieux, vers les hasards
Des caps et de la mer affolée en tempêtes ;
Ô mon âme, quel s'en aller et quel souffrir !
Et quel vivre toujours, pour les rouges conquêtes
De l'or ; quel vivre et quel souffrir et quel mourir !

Pourtant regarde au loin s'illuminer les îles,
Fais ton rêve d'encens, de myrrhe et de corail,
Fais ton rêve de fleurs et de roses asiles,

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Les nombres

Je suis l'halluciné de la forêt des Nombres,
Le front fendu, d'avoir buté,
Obstinément, contre leur fixité.

Arbres roides dans le sol clair
Et ramures en sillages d'éclair
Et fûts comme un faisceau de lances
Et rocs symétriques dans l'air,
Blocs de peur et de silence.

Là-haut, le million épars des diamants
Et les regards, aux firmaments,
Myriadaires des étoiles ;
Et des voiles après des voiles,
Autour de l'Isis d'or qui rêve aux firmaments.

Je suis l'halluciné de la forêt des Nombres.

Ils me fixent, avec leurs yeux de leurs problèmes ;
Ils sont, pour éternellement rester : les mêmes.

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Moine épique

On eût dit qu'il sortait d'un désert de sommeil,
Où, face à face, avec les gloires du soleil,

Sur les pitons brûlés et les rochers austères,
S'endorts la majesté des lions solitaires.

Ce moine était géant, sauvage et solennel,
Son corps semblait bâti pour un oeuvre éternel,

Son visage, planté de poils et de cheveux,
Dardait tout l'infini par les trous de ses yeux ;

Quatre-vingts ans chargeaient ses épaules tannées
Et son pas sonnait ferme à travers les années ;

Son dos monumental se carrait dans son froc,
Avec les angles lourds et farouches d'un roc ;

Ses pieds semblaient broyer des choses abattues
Et ses mains ébranler des socles de statues,

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Les voyageurs

Et par le traître écho des horizons plongeurs,
Et par l'antique appel des sybilles lointaines,
Et par les au-delà mystérieux des plaines,
Un soir, se sont sentis hélés, les voyageurs.

Partis !
Les quais étaient électrisés de lunes,
Et le navire, avec ses mâts pavoisés d'or
Et ses mousses d'ébène ornait gaîment son bord ;
Et les vagues baisaient les ponts et les lagunes.

Ce fut calme voyage, à la clarté des nuits :
Et les regards lactés des pensives étoiles
Là-haut ! et les brises du Sud bombant les voiles
Et poussant vers la terre et vers les fleurs ! - Depuis

Des tours, immensément faites avec des pierres,
Levant de hauts bras noirs sur des villes de feux ;
Et sous les toits plombés et dans les murs nitreux,
Ouverts, de grands yeux d'or en de rouges paupières ;

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Ma Race

Je suis le fils de cette race
Dont les cerveaux plus que les dents
Sont solides et sont ardents
Et sont voraces.

Je suis le fils de cette race
Dont les desseins ont prévalu
Dans les luttes profondes
De monde à monde,
Je suis le fils de cette race
Tenace
Qui veut, après avoir voulu,
Encore, encore et encore plus !

Races d'Europe et des soudaines Amériques,
- Ma race ! - Oh ! que vos pas sont beaux
Quand ils portent sur les sommets lyriques
Toujours plus haut
Les feux maintenus clairs des antiques flambeaux !

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

La kermesse

Avec colère, avec détresse,
Avec ses refrains de quadrilles,
Qui sautèlent sur leurs béquilles,
L'orgue canaille et lourd,
Au fond du bourg,
Moud la kermesse.

Quelques étaux au coin des bornes,
Et quelques vieilles gens,
Au seuil d'un portail morne.

Avec colère, avec détresse, avec blasphème,
Mais, vers la fête,
Quand même,
L'orgue s'entête.

Sa musique de tintamarres
Se casse, en des bagarres
De cuivre vert et de fer-blanc,
Et crie et grince dans le vide,

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

L'Est, l'Ouest, le Sud, le Nord

Quand tu marches, le pas rythmé, le long des champs,
Aime à nommer pour te plaire à toi-même
Le sud, l'ouest, l'est, le nord,
Mots clairs et doux, mots terribles et forts,
Qui décorent les beaux poèmes.

Qu'ils t'évoquent les bois, les monts et le soleil ;
Qu'ils t'évoquent la mer et le grand port vermeil
Illuminant là-bas les confins de la terre ;
Qu'ils t'évoquent la brousse et les déserts de feu
Et le minaret blanc sur le ciel rouge et bleu
Ou le gel coruscant des montagnes polaires.

Au mois d'avril, au mois de mai,
Le bras ballant, le pas rythmé,
Aime à dire et à redire, pour t'y complaire,
Leurs syllabes autoritaires.

Aux jours d'été, quand midi bout,
Ils sont pareils à quatre aigles qui, tout à coup

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Les saints, les morts, les arbres et le vent

Les grand'routes tracent des croix
A l'infini, à travers bois ;
Les grand'routes tracent des croix lointaines
A l'infini, à travers plaines ;
Les grand'routes tracent des croix
Dans l'espace livide et froid,
Où voyagent les vents déchevelés
A l'infini, par les allées.

Arbres et vents pareils aux pèlerins ;
Arbres tristes et fous où l'orage s'accroche,
Arbres pareils au défilé de tous les saints,
Au défilé de tous les morts
Au son des cloches,
Arbres qui combattez au Nord
Et vents qui déchirez le monde,
Oh ! vos luttes et vos sanglots et vos remords
Se débattant et s'engouffrant dans les âmes profondes

Voici Novembre assis auprès de l'âtre,

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share

Epilogue

Oh ! les heures du soir sous ces climats légers,
La lumière en est belle et la lune y est douce,
Et l'ombre souple et claire y répand sur les mousses
Les mobiles dessins d'un feuillage étranger.

Oliviers d'Aragon, figuiers de Catalogne,
Hameaux calmes et blancs sur vos ruisseaux penchés,
Derniers rayons frôlant les toits et les clochers
Où s'arrêtait le vol replié des cigognes ;

Chansons de muletiers ou de cabarets roux,
Et vous, femmes, dont la démarche était hautaine,
Quand vous montiez, la jarre au flanc, vers les fontaines,
Que de fois ma mémoire a reflué vers vous !

Mais je suis né, là-bas, dans les brumes de Flandre,
En un petit village où des murs goudronnés
Abritent des marins pauvres mais obstinés,
Sous des cieux d'ouragan, de fumée et de cendre.

[...] Read more

poem by Emile VerhaerenReport problemRelated quotes
Added by Poetry Lover
Comment! | Vote! | Copy!

Share
 

<< < Page / 31 > >>

Search


Recent searches | Top searches